Cette année, le muguet de nos jardins est en avance et vous ne pourrez sans doute pas résister à offrir cette petite fleur aux clochettes banches si délicates. Il est néanmoins important d’ en connaître ses principes actifs utilisées en parfumerie et en pharmacologie et de prendre des précautions surtout vis-à-vis des plus jeunes enfants.
Les anciens l’ avaient baptisé « petite muse », appellation qui est restée sous forme de « muguet ». Quant au nom latin Convallaria majalis outre l’ allusion au mois de mai (majalis), il est calqué sur celui que les apothicaires médiévaux lui avaient donné, Lilium convallium, » Lys dans la vallée ».
Chef de file d’une petite famille proche des Liliacées, qui inclut le sceau de Salomon ( Polygonatum ), le muguet est une plante vivace aux fleurs blanches et aux fruits rouge orangé, toxiques car concentré en toxines cardiaques et respiratoires. Il est tonicardiaque et diurétique. L’ effet est de ralentir le rythme cardiaque et d’augmenter la pression artérielle. Comme beaucoup d’ autres plantes toxiques, à dose adéquate, elle a des propriétés pharmacologiques et a été utilisée dans le traitement des maladies cardiaques.
La plante se cultive facilement au jardin dans un endroit frais et ombragé. Il est capable de coloniser de grandes surfaces car la souche produit un réseau étalé de tiges souterraines, des stolons portant des racines et des bourgeons appelées griffes comme chez l’ asperge. Il est conseillé d’ ôter les fleurs fanées avant qu’ elles ne fructifient surtout si des jeunes enfants sont susceptibles de les approcher. Les baies rouges arrivées à maturité sont très jolies et appétissantes comme de petits bonbons, mais attention, l’ ingestion provoque des troubles digestifs constitués d’ irritations de la bouche, de douleurs abdominales, de nausées, de vomissements et de diarrhées. Il est donc conseillé de couper les tiges florales dès qu’ elles sont fanées. Peuvent survenir des troubles du rythme cardiaque, accompagnés d’ une accélération de la respiration, ces troubles pouvant même entraîner la mort par arrêt cardiaque.
Si vous l’ utilisez dans la composition de bouquets, aérez bien la pièce car sa présence peut provoquer des maux de tête. L’ eau du vase devient rapidement toxique, ne laissez donc pas le vase contenant du muguet à la portée des jeunes enfants.
Si vous désirez le multiplier pour le déplacer ou offrir des jeunes plants aux amis, il est conseillé de procéder au prélèvement en automne. Les racines appelées « griffes » sont fragiles et demandent beaucoup de précaution dans leur manipulation. Faites un trou de 15 cm au fond duquel vous étalez racines en plaçant le bourgeon à la limite du recouvrement du trou. Recouvrez de terre légère ou de terreau, tassez délicatement et arrosez copieusement. La même opération peut se pratiquer pour la mise en pot.
Sur la photo qui suit, vous voyez le muguet en compagnie de la bugle rampante Ajuga reptans à l’ ombre du bambou Semiarundinaria fastuosa, les deux couvre-sol se sont mélangés à mon insu mais j’ aime l’ effet rendu par les deux couleurs.

Bibliographie: » L’ herbier des plantes sauvages » de Pierre et Délia Vignes aux Ed. Larousse
A bientôt pour d’ autres nouvelles, astuces et photos depuis un jardin d’ Obigies !
Patrick