La cardère ou Cabaret des oiseaux

La  météo  désastreuse  d’aujourd’hui  me  permet  de  vous retrouver  pour  vous  présenter  une  plante  sauvage  intéressante  à  plusieurs  titres.Il  s’agit  de  la  cardère, une  herbe  bisannuelle  plus  communément  nommée  « cabaret  des  oiseaux » ou  pour  les amateurs  des  noms  scientifiques  et  latins  « Dipsacus  Fullonum » de  la  famille  des  Dipsacacées. Son  surnom  lui  vient  du  fait  que  certaines  de  ses  feuilles  opposées  se  soudent  en  cuvette  à  la  base  et  retiennent  l’eau  de  pluie.

Offerte  par  mon  ami  Bernard, la  petite  plante  aux  feuilles  glabres  et  épineuses  m’ a  produit  une  tige  de  près  de  2 m  assez  dissuasive  par  ses  nombreuses  épines  présentes  sur  les  arêtes  des  tiges  et  bractées  et  sous  la  nervure  principale  des  feuilles. Remarquable  par  ses  inflorescences  mauve  en  forme  de  capitule  ovoïde  surmontant  de  longues  bractées  épineuses  recourbées.

La  floraison  est  remarquable  et  un  peu  étrange. En  effet, les  fleurs  d’un  même  capitule  s’épanouissent  dans  un  ordre  précis: une  première  « onde »  de  floraison  débute  à  mi-hauteur  du  capitule  et  se  propage  simultanément  vers  la  base  et  vers  son  sommet. Les  fleurs  attirent  alors  abeilles, coléoptères  et  autres  insectes  qui  vont  ainsi  assurer  la  pollinisation.

Le  fruit  à  une  seule  graine, sec  et  fermé, est  un  akène  brun  à  section  carrée, marqué  de  8  côtes  plus  claires. La  paillette  qui  lui  est  associée  lui  permettra  de  s’accrocher  aux  poils  des  animaux, contribuant  ainsi  à  la  dissémination  des  graines. Comme  vous  pouvez  le  voir  sur  la  photo  d’ en-tête, la  cardère  est  une  des  plantes nourricières  du  Chardonneret  élégant, un  des  passereaux  les  plus  colorés  que  vous  pourriez  ainsi  attirer  au jardin.

La  cardère  est  un  des  rares  exemples  de  plantes  utilisées  directement  comme  outil. En  effet, ses  capitules  épineux  et  raides  servaient  autrefois  à  carder  la  laine  et  peigner  le  drap, d’où  son  nom.

Autre  observation  remarquable: divers  insectes  se  noient  dans  l’eau  retenue  par  les  feuilles  soudées  et  les  chercheurs  commencent  à  penser  que  le  produit  de  leur  décomposition  pourrait  bien  être  absorbé  par  la  plante.

Toutes  ces  caractéristiques  font  qu’il  me  parait  intéressant  de  lui  trouver  une  place  dans  votre  jardin. Il  faudra  juste  prélever  les  jeunes  plantules  qui  apparaitront  l’année  suivante   afin  de  ne  pas  se  trouver  face  à  un  buisson  coloré  certes  mais  plutôt  épineux. Vous  pourrez  ainsi  les  offrir  à  vos  amis  amateurs  de  biodiversité.

Si  les  plantes  sauvages  vous  intéressent, je  vous  invite  à  vous  procurer  le  magnifique  livre  qui  m’a  largement  inspiré  cet  article. Il  s’agit  de   » L’ herbier  des  plantes  sauvages  »  de  Pierre  et  Délia  Vignes  aux  Ed. Larousse.

A  bientôt ! …  Patrick  depuis  un  jardin  d’ Obigies